lundi, mars 20, 2006

Franco-folie

Si je ne m’abuse, cette semaine annonce la onzième édition de la semaine de la francophonie (du 16 au 26 mars, autour du 20 mars de la journée internationale de la francophonie), cette année, et pour l’ensemble de 2006, sous le haut-patronnage de Léopold Sédar Senghor dont c’est le centenaire de la naissance.



Pour l'occasion et depuis onze ans donc, dix mots sont à l'honneur autour desquels nombre d'activités sont attendues et à construire que ce soit sur scène, sur internet, en poésie, en chanson etc...

En 2005 pour célébrer le centenaire de la mort de Jules Verne, la 10ème édition eut pour thème « le français, langue de l'aventure scientifique ». Et les traditionnels dix mots ont été choisis par des hommes et des femmes de sciences.

Cette année, on découvre que "le choix des dix mots s'est fait autour des valeurs et aspirations communes aux pays qui ont le français en partage : le respect de la diversité et de la différence, la vertu du dialogue et de l'échange, l'élan vers l'avenir et la modernité". Ils sont :
Accents
Badinage
Escale
Flamboyant
Hôte
Kaléidoscope
Masque
Outre-ciel
Soif
Tresser
outre-ciel est une invention de Sédar Senghor.

Vous avez des idées de textes ?

De son côté, le salon du livre 2006 qui se terminera le 22 mars à Paris met particulièrement à l'honneur les écrivains francophones originaires d'autres pays que la France.

Heileen, de La Muselivre, alors même qu’elle nous apprend que le grand écrivain japonais Naoya Shiga est allé jusqu'à proposer que le Japon adopte le français comme langue nationale en avril 1946, moins d'un an après que le général MacArthur eut reçu la reddition nippone, Heileen donc est un peu plus circonspecte –c’est le moins qu’on puisse dire- sur cet événement :
Parce que la francophonie, il faut bien l'avouer, c'est une grande farce : un post-colonialiste à relents nauséeux, une ignorance crasse des littératures de langue française, un mépris généralisé pour ces écrivains, et un bon moyen de récupérer comme françaises des oeuvres étrangères qui, ô malheur, ont fait l'erreur de s'écrire en français. Un écrivain québecquois, camerounais, ou vietnamien cesse d'être québecquois, camerounais ou vietnamien pour miraculeusement devenir écrivain français. L'alchimie selon la Coupole.
Citant un article du Nouvel Obs, elle relève alors justement que le Salon du Livre qui d’habitude nous emmène à la découverte d’autres cultures mettant des pays à l’honneur, s’intéresse cette fois à une langue, faisant fi de toute notion de pays et de diversité, et pourtant, quel rapport entre le Québec, le Vietnam ou l’Afrique noire ? Les auteurs francophones eux-mêmes sont en colère cite-t-elle et le font savoir :
La grande romancière née en Guadeloupe Maryse Condé, qui vit aujourd'hui à New York (elle enseigne à Columbia), avoue ne pas très bien savoir «ce qu'on entend par francophonie. Il paraît que les Français n'en font pas partie. Etrange...». C'est que les écrivains francophones en ont marre. Marre de voir la France jouer les hôtes d'une fête qu'ils voudraient eux aussi orchestrer. Marre de voir la France se considérer comme le centre d'un monde où ils sont condamnés à jouer les satellites. «Le plus grand obstacle au développement de la langue française est le narcissisme culturel français. Le français a toujours été pensé en relation avec une géographie imaginaire qui faisait de la France le centre du monde», explique encore Mbembe. C'est que, pour lui, les Français sont encore loin d'avoir pris la mesure des révolutions en cours : si notre langue demeure un idiome universel, c'est aux francophones, vivant hors de France, qu'elle le doit. D'où la nécessité de «dénationaliser » la langue, selon Mbembe : en ouvrant l'Académie aux non-Français, en décloisonnant les prix littéraires, la presse, l'édition. Un immense travail dont le chantier n'est, chez nous, même pas à l'étude. [...]


Pour terminer sur une note plus joyeuse, la catégorie Littératures du monde du répertoire Dmoz regroupe plusieurs ressources en rapport avec ces écrivains et leurs oeuvres. (Dmoz blog).